Fibre, attention ! : couvrir n'est pas servir

La publication des indicateurs de qualité de service des infrastructures de fibre optique en France est une avancée considérable dans la qualification objective des difficultés qui nous sont rapportées par les utilisateurs, et que dénoncent nombre d’observateurs, et d’élus locaux. Rappelons que ces données sont rapportées par les opérateurs d’infrastructures eux-mêmes. Les chiffres publiés parlent d’eux-mêmes. Ils montrent tout le chemin qu’il reste à parcourir pour rendre les réseaux fibre pérennes et de qualité correcte sur l’ensemble du territoire.

Bilan au T3 2022

Au troisième trimestre 2022, les données publiées font apparaitre les points saillants suivants :

1. Vue globale de la qualité de service des infras fibre en France

Le tableau de l’annexe 1 fournit une analyse globale en moyenne et en médiane des valeurs recueillies pour chaque indicateur au T3 2022. Nous indiquons également pour chaque indicateur le nombre d’opérateurs ayant publié, et la tendance par rapport au T2 2022

1.1 En déploiement

Le principal point noir (en dehors du taux de malfaçons analysé plus loin) porte sur :

- les non-respects des délais de livraison des liens PRDM-PM pour 95% des cas
> 51,9 JO en moyenne pour un seuil fixé à 20 JO

1.2 en exploitation-maintenance (SAV)

Les principaux points noirs portent sur :

- le délai de rétablissement sur le segment PM-PBO pour 95% des cas
> 12 JO en moyenne au lieu de 6 JO comme fixé par le seuil

- délai moyen de rétablissement sur le segment PRDM-PM 

> 30 HO en moyenne au lieu des 8 HO fixées par le seuil

1.3 Les offres aux entreprises

Le très faible niveau de respect des seuils, tant en déploiement qu’en disponibilité et le caractère visiblement erratique de certaines données rendues disponibles par les opérateurs (nous les avons grisées sur l’annexe) semblent indiquer que, pour le moment, les offres de gros portant sur des GTR 4H ou GTR 10H ne sont pas encore en place sur la plupart des réseaux fibre optique dans le pays.

1.4 Indicateurs sans seuil

Bien que le régulateur n’ait pas fixé de seuil à ces indicateurs, certains d’entre eux sont de la plus haute importance pour les consommateurs, et les données communiquées reflètent assez bien le fort niveau d’insatisfactions recueillies à l’AFUTT sur la période, il s’agit :

- du taux de malfaçons du raccordement final (malfaçons constatées sur le raccordement final lorsqu'il est effectué) :

> 13,9 % en moyenne constatée en valeur brute sur les données de 39 opérateurs. Ce taux est à la hausse. Il était de 4,6 % au T2 2022

- du taux de signalement à tort par l’opérateur commercial
> il atteint les 26,8 % en moyenne sur 87 réseaux au T3 2022. Il était déjà de 25,1 % au T2 2022

Cet indicateur est important car il fait ressortir le défaut de coordination technique des opérateurs d’infrastructure avec les opérateurs commerciaux qui fait subir au consommateur final un « effet ping-pong » très préjudiciable. L’indicateur reflète par ailleurs le seul point de vue des opérateurs d’infrastructures. On attend avec impatience les remarques des opérateurs commerciaux !

2. Analyse par opérateur

L’AFUTT a retenu le principe de notation suivant : Pour chaque indicateur respectant le seuil fixé pour une qualité de service correcte nous assignons un point. Zéro point si la valeur de l’indicateur est inférieure au seuil. On additionne ensuite les points obtenus par l’opérateur, puis on multiplie le résultat par le coefficient 0,74, ceci afin de proposer une note sur 20 (le nombre d’indicateurs avec seuil notés étant de 27).

Le tableau de l’annexe 2 montre les résultats obtenus pour le T2 et le T3 2022

On peut tout d’abord remarquer qu’aucun opérateur ne satisfait actuellement à l’ensemble des seuils normés par l’ARCEP (ce qui vaudrait une note de 20/20)

En tendance, on remarque que 25 OI ont obtenu au T3 une meilleure note qu’au T2, 33 une plus mauvaise et 10 la même.

Alors qu’au T2 seuls les huit premiers OIs dépassaient la moyenne, on peut en compter 29 sur 96 au T3 ce qui n’est malgré́ tout pas très brillant, d’autant que la moyenne de ce top 30 n’est que de 12,6.

La meilleure note du T3 est de 16,3/20 contre 15,6 au T2, et le trente-et-unième de la liste sur 96 n’a que 9,6/20 ce qui n’est vraiment pas brillant !

Les plus mauvaises notes de la liste tombent à 0/20 au T3 contre 2,2/20 au T2

Les mauvaises notes sont, assez logiquement associées pour le moment, aux opérateurs ayant fourni très peu de données.